Notre Education
--> Quand une société va mal, les jeunes toussent
Hier, j'étais à un mariage.
Comme c'était celui d'une ancienne voisine, j'ai aussi rencontré une jeune femme habitant au bout de mon impasse. C'est sa première année en tant qu'institutrice.
J'ai été contente de voir que je ne suis pas la seule à penser que l'Education Nationale va mal. Très mal.
C'est bien simple. On nous dit, en ce moment, qu'il faut valoriser l'égalité des chances -d'où la loi du même nom. Mais déjà, à l'école, on voit que nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne.
Pour être à l'aise dans le système scolaire aujourd'hui, il faut:
* être né dans une classe favorisée
* ne pas être dans une ZEP
* n'être jamais fatigué, énervé, ou émotionellement perturbé
* avoir des parents mariés, si possible avec un haut niveau d'étude, et qui s'entende bien
* avoir un QI d'environ 100.
A la limite, si vous vous fondez dans la masse et que vous avez bonne mémoire, vous vous en tirerez bien, même si vous ne répondez pas à tous les critères.
Mais déjà, ça ne fait plus grand monde.
Où est l'égalité dans cette méthode?
Les êtres humains sont égaux en droit, principalement ceux de la liberté et de la dignité.
C'est tout.
Pour le reste, nous ne sommes pas égaux.
Regardez les choses en face: il y en a qui ont plus de chances que vous, car ils sont plus riches et plus intelligents. Il y en a qui en ont moins: ils sont moins malins et en plus ils ont moins d'argent. Mais on ne les aidera pas plus qu'on ne vous aidera vous, alors qu'ils en auraient besoin. Quant à vous, si vous avez une difficulté, on vous laissera sur le bord de la route.
Tous ne peuvent pas apprendre au même rythme. Le système américain résoud plus ou moins ce problème en faisant des cours de niveau: un même élève peut être en classe 4 en math s'il est doué en math, en classe 1 de français s'il est nul. Et si on est très doué, on est en classe 4 partout.
Il va donc falloir faire comprendre à notre gouvernement (comme si le gouvernement pouvait comprendre quelque chose), à tout ces jacobins adeptes du "je ne veux voir qu'une seule tête", qu'on ne peut pas loger tout le monde à la même enseigne. Il y a des personnes qui haïssent l'école parce qu'elle va trop vite et qu'ils finissent par en être exclus, d'autres parce qu'elle va trop lentement et qu'elle les bride.
Qui est donc heureux dans le système scolaire aujourd'hui?
Surtout pas les élèves à haut QI (120: il y a déjà quelque chose qui cloche, 130: c'est la limite officielle, 145: ce sont les très haut QI, 170: ce sont les "surdoués"). Le terme que je préfère, c'est surefficient mental. Les surefficients ne sont pas heureux en cours. Ils ne sont aimés ni des élèves, dont ils n'ont pas la façon de penser, ni des profs, destabilisés par leurs connaissances ou leur curiosité insupportable, qui les fait sortir du programme.
50 % des surefficients sont en échec scolaire en 3e. Et il y en a d'autres qui s'effondrent au lycée. Comment cela est-ce possible? Comment le système scolaire peut-il mettre en échec des enfants et des adolescents avec de tels potentiels?
On propose quelques rares solutions aux élèves possédant un bas QI: étant incapables de suivre des cours, on les place dans des écoles spécialisées. Pour le peu que j'en sais, ces structures marchent plutôt bien. Mais elles ne seraient pas assez nombreuses.
Pour les surefficient. Il n'y a rien. Ah, si: des zoos. C'est le mot employé par mon psy pour désigner les quelques écoles où l'on met les surefficients, où on en fait des élèves coupés de tout, que l'on serine à longueur de journée avec des discours sur "l'élite".
C'est ça, l'avenir de la matière grise en France.
Autre chose: la délinquence, la violence chez les jeunes et donc dans les lycées. Nos politiques disent qu'il n'y a pas de solution miracle.
Ahem.
Le jour même on a retiré les surveillants de mon collège, un élève a été tabassé dans la cour. Hospitalisation. Bah oui, la cour ne comptait aucun adulte, notre proviseur et notre CPE avaient du travail dans leur bureau, comme gérer le lycée ou s'occuper d'un élève qui avait des problèmes... Leur boulot, quoi!
Surveiller, s'occuper des élèves dans la cour, c'était le boulot des pions.
Ce collège, où ma soeur se trouve toujours, se dégrade encore. Ils sont à présent trois à surveiller plus de 400 élèves: proviseur, proviseur-adjoint, CPE.
Comment voulez-vous que les élèves ne fassent pas n'importe quoi? Et encore, nous ne sommes pas en ZEP. Ici, ce sont des enfants relativement calmes. Ca pourrait être pire. N'empêche que ça se tabasse régulièrement.
Maintenant il y a des flics qui essaient de surveiller. Mais à la sortie, seulement. Et eux, ils ne dialoguent pas. Ce qu'ils comprennent, ce sont la menace, le contrôle musclé, la matraque.
Notre gouvernement actuel n'aime pas les jeunes et se fichent de leur problèmes. Pour eux, nous sommes de la mauvaises graines, des casseurs ou des braillards, des délinquants ou des fainéants...
Il faut dire, aussi: vous les avez vu? Les plus jeunes ont cinquante ans! Sarkozy et Hollande ont 51 ans, Ségolène Royal et Villepin 52, Borloo et Bayrou 55, Raffarin 58, (à partir de là, on dépasse l'âge de la retraite) Fabius et Juppé 60, Laguillier 66, Jack Lang 67, Chirac 73, quant à Le Pen... 78. Marine est jeune, mais si c'est ça l'avenir de la politique française...
Les sénateurs ont en moyenne soixante-et-un ans.
On appelle ça la gérontocratie, le gouvernement des vieillards!
Le gouvernement n'aime pas les jeunes? Très bien, alors moi je deviens anti-vieux! Qu'ils virent, tous ces vieux qui s'imaginent encore aux temps de leur jeunesse! Ils sont hors du monde actuel! Ils ont des idées désuètes! Ne comprennent rien de ce que nous voulons, de ce que nous avons besoins, nous, l'avenir du pays! Que font-ils encore là?
Attention, les viocs. Les jeunes ne sont pas idiots. Prenez-vous en à eux, ils s'en prendront à vous.
J'en connais des qui auraient bien fait de regarder Battle Royale.
Ecrit par Madig, le Lundi 17 Avril 2006, 01:49 dans la rubrique "Cette Société".