Athée, asociale et agaçante

Il était une fois une fille en trop.

Trois petites nénettes à l'entrée au lycée
Une vraie blonde
Une fausse rousse mais vraie brune
Et puis une d'une couleur entre deux

Il y avait une vraie bosseuse
Une fausse mauvaise
Et puis une qui débarque
Qui n'est ni l'une ni l'autre
Qui ne s'en porte pas plus mal

Et puis il y avait ce garçon
Qu'elles avaient vu
Dans leur classe
Mais la troisième fille était tombée éperdument amoureuse
Elle en avait parlé
Tout le monde le savait
Qu'elle l'aimait
Et qu'il n'y avait pas de mot
Pas de mot pour décrire
Ce qu'elle ressent

C'est la plus jeune mais c'est pourtant la seule
Qui n'a pas un amour de gamine
Qui n'a pas un amour de sitcom
Elle rêve et puis c'est tout
Elle tente...

Trop tard
Les deux autres ont pris toute la place
La brune meilleure amie
La blonde petite amie
Plus de place
Au revoir

La troisième n'a plus d'amie
Elle n'a plus d'amour
Il y a son coeur en petites miettes
En petits morceaux

Le problème, c'est qu'elle n'était pas différente sans raison
Elle n'est pas mi-figue ni-raisin
Elle ne se lamentera pas éternellement sur son sort
Elle connait l'amour
Mais elle avait déjà fait l'expérience de la haine

J'vous crèverai les filles
Je serai pas la perdante de nous trois!

Il pleut.

Nous sommes abrités sous une arcade
Et puis finalement
Il s'éloigne
Que fait-il
Je me le demande
Reviens, idiot
Tu vas être trempé

Trop tard, tes cheveux dégoulinent déjà
Tes vêtements commencent à coller
Tes épaules tremblent
Tu pleures, dis?

Tu te tournes
Soudain je comprends
Tu ne pleures pas
Tu ris
Et tu me regardes
Tu ne m'as jamais regardé comme ça
Cette lueur
De folie
D'envie
D'amour
De liberté
Et soudain
Tu hurles

Alors, toi qui ne parle jamais, pour la première fois je t'entends.

Parce qu'en plus, j'ai des prétentions artistiques...

La dernière fois que je les vis
Elles étaient là
Toutes trois à rire
A sourire avec nous
Ces trois filles vêtues de noir
Comme à leur habitude
Fidèles à elles-mêmes
Fidèles à leur réputation

Juste trois filles dans une fête
Insouciantes
Rayonnantes
On aurait dit
Ou presque dit
Qu'elles étaient comme nous
Qu'elles étaient comme les autres
C'était la dernière fois que je voyais
Que je regardais
Les trois filles en noir

On m'a dit plus tard
Que quand elles s'étaient jetées sous le train
Elles ne souriaient plus
Mais qu'elles étaient vêtues de noir
Comme à leur habitude